A-proche-toi Jura

Journée de la santé mentale (10.10.12)

Discours de Monsieur Jean-Paul Moll

Directeur a.i de l'Hôpital du Jura

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"Il était complètement fou, la Police est venue avec les ambulanciers et ils l'ont amené à l'unité psy à D'lémont !

Fou : Un nom ? Non, juste un surnom pour dire la peur, l'isolement, la séparation, le repli, le rejet ou pire encore l'ignorance".

 

 

 

 

 

 

Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs,

Soyez les bienvenus à cette journée de la santé mentale durant laquelle vous vous croiserez à loisirs pour échanger, pour mieux connaître ce qui se dit, ce qui se fait dans un domaine mystérieux pour certains ou insuffisamment reconnu pour d'autres.

Journée où il nous faudra jouer franc jeu, ne pas se regarder en chiens de faïence pour arriver à midi, poliment, heureux de s'être vus, mais sans s'être dit beaucoup. UHMP ? Psychiatrie ?

Dossier délicat, parfois polémique, souvent peu fouillé par ses détracteurs et insuffisamment expliqué par ses détenteurs. Alors engageons-nous dans le sujet, avec respect, détermination et plaisir !

Depuis 1998, l'UHMP (unité hospitalière médico-psychologique) psychiatrie pour patients adultes hospitalisés est installée dans les bâtiments de l'Hôpital du Jura. Quoiqu'un peu décentrée, cette activité médicale jouxte le service des urgences et est en lien avec les disciplines somatiques de l'établissement. C'est d'ailleurs aussi le cas pour l'UHP (unité hospitalière de gérontopsychiatrie) sur le site de Porrentruy qui accueille les patients aigus, en principe au-delà de 65 ans.

Outre l'intérêt que peut représenter une telle proximité pour l'organisation hospitalière, dans les domaines de la restauration ou de la blanchisserie, les bénéfices principaux sont issus de la complémentarité des différents intervenants, médicaux et soignants en particulier.

Un patient accueilli en psychiatrie peut ainsi bénéficier des compétences d'un interniste ou d'un chirurgien si des atteintes physiques méritent d'être examinées.

De même, un patient hospitalisé dans un service de Chirurgie ou de Médecine et qui présente des troubles psychiques bénéficiera d'un consilium par l'examen d'un psychiatre.

L'unité hospitalière médico-psychologique et l'unité hospitalière de géronto-psychiatrie de l'Hôpital du Jura, unités se préoccupant de la santé mentale des adultes ont ainsi profité de cette évolution en s'installant dans les murs d'un établissement autrefois exclusivement réservé aux atteintes somatiques.

Cette proximité dans le traitement des troubles du corps et de ceux de l'esprit n'est pas récente, elle date de plusieurs dizaines d'années. Dès l'apparition des antipsychotiques comme le Largactil dans les années 50, les hôpitaux psychiatriques se sont ouverts davantage, les patients ont bénéficié de sorties plus ou moins longues et le rapport entre patients et soignants s'est davantage décliné dans une prise en charge partenaire.

Les agitations psychomotrices ont été plus vite jugulées et la peur du malade mental s'est progressivement estompée, même si actuellement de grandes appréhensions subjectives demeurent encore dans la population. "Cette privation de liberté était-elle nécessaire ?" ou "Pourquoi l'ont-il laissé sortir si vite ?" ou encore "Elle était à l'isolement, attachée sur son lit !"

Ainsi PLAFA, mesures de contrainte, organisation de la sortie sont régulièrement jugées, qualifiées par un citoyen souvent mal informé.

Pourtant, le monde politique a mis en place les contrôles nécessaires, en particulier la Commission de surveillance des droits des patients qui, lors de sa visite du printemps dernier relevait la conformité globale du fonctionnement de l'unité.

Il faut donc plus de transparence, plus de dialogue pour que les jugements hâtifs de la population se transforment en appréciations plus objectives.

Pour que la réticence de certains professionnels laisse place à encore davantage d'ouverture, de compréhension et d'explication face aux proches de la personne soignée.

De grands efforts doivent encore être consentis par notre société qui met davantage en lumière les progrès fantastiques de la médecine et de la chirurgie de pointe qu'elle n'appréhende objectivement les besoins de ceux qui souffrent d'un comportement déphasé, d'un mal psychique traumatisant ou d'un enfermement qui les isole des autres humains dits bien portants.

Les blessés de guerre et les cancéreux engendrent souvent la compassion et le soutien; les pestiférés, les aliénés ont longtemps été ignorés, écartés ou cachés.

De nos jours, dans un processus de prise en charge évolué, en complément des professionnels médicaux, soignants et thérapeutes, le conjoint, la famille, les amis, les voisins, les collègues de travail tissent avec nous les mailles du réseau indispensable au malade psychiatrique.

L'UHMP, après tourmentes et hésitations, trouve enfin son assise dans l'engagement renouvelé des professionnels et dans la complémentarité des thérapies.

Ce nouveau fondement se renforce aussi dans l'acceptation progressive par les Jurassiens de cette différence possible qui peut, un jour ou l'autre, nous atteindre et nous faire souffrir sans que des plaies béantes ne saignent.

Cette compréhension difficile du mal, de son traitement, des résultats de celui-ci, suscite l'interrogation naturelle de la famille, du citoyen ou de son député. Et comme les réponses ne rassurent pas autant qu'espérer, les mêmes questions se répètent et le doute sur l'efficacité demeure. Les insatisfactions de l'intervenant à la tribune du parlement croisent celles des professionnels qui souhaiteraient dire ce qu'ils font bien plutôt que d'entendre ce qui n'a pas été bon par le passé.

En 2012, l'unité de psychiatrie de l'Hôpital du Jura a renforcé et diversifié ses prestations. En complément des médecins, infirmières et psychologues, des physiothérapeutes, ergothérapeutes, art et musicothérapeutes sont maintenant à disposition des patients.

Sans nul doute que ces approches supplémentaires favorisent le délié physique et l'estime de soi. Vous aurez l'occasion de découvrir ces nouveaux atouts au cours de la journée.

L'Hôpital du Jura sait devoir gérer ce secteur de soins différemment d'un bloc opératoire ou d'une consultation d'oncologie, ceci en développant encore davantage l'espace d'information. La journée d'aujourd'hui participe à cette stratégie de partage.

L'Hôpital du Jura sait que le personnel attaché aux soins psychiatriques doit savoir encore mieux quitter les schémas d'avant pour s'investir dans le nouveau concept qui se met en place.

Il sait qu'il ne détient pas la vérité, d'ailleurs y-en-a-t-il une dans un domaine si controversé ? Il sait que les connaissances liées à la santé mentale doivent être partagées avec d'autres et que les réflexions actuelles sur la refondation de la psychiatrie apporteront des pistes de développement.

L'Hôpital du Jura sait aussi qu'un hôpital de jour, maillon manquant de la chaine thérapeutique, est primordial pour le suivi des patients, pour leur accompagnement vers le retour à la vie ordinaire, vers la guérison ou la rémission.

M. Le Ministre, nous sommes très heureux de votre présence parmi nous. Il faut nous aider à tisser ce lien cohérent indispensable entre l'unité de psychiatrie, l'hôpital de jour, le Centre médico-psychologique et des soins à domicile réservés à ces patients.

Exceptionnellement, la Croisée des loisirs nous donne aujourd'hui l'occasion de travailler. De travailler sur nos retenues, sur nos aprioris, sur nos incertitudes, sur notre cohérence difficile. Mais de travailler aussi sur notre convergence possible et sur notre tolérance réciproque.

Dans une prise en soins quotidienne à plusieurs facettes, qui se dévoileront encore davantage ici pour l'analyse et la vulgarisation, médecins, infirmières, psychologue, art et musicothérapeutes de l'Hôpital du Jura se relaient, se complètent pour que le malade soit reconnu dans sa souffrance; pour que cette souffrance cesse, pour que le réseau familial et social occupe pleinement sa place dans la réussite de la prise en charge et ……pour que le surnom disparaisse.

La direction de l'Hôpital du Jura se réjouit de votre participation à cet échange et vous souhaite une belle journée, riche dans la découverte des thérapies et riche dans l'indispensable dialogue pour une vraie compréhension de ce qu'est la santé mentale :

Une harmonie avec soi-même et son environnement.

Je vous remercie.

Delémont, 10 octobre 2012 / Jean-Paul Moll

 

Pour avoir accès au communiqué de presse H-JU de cette journée, vous pouvez cliquez sur  H-JU

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